Dialogue immersif entre le fleuve, ses rives, ses îles et sa faune, cette exposition propose une expérience combinant deux approches de prime abord distinctes : la photographie d’observation et l’art contemporain. Bien au-delà de la simple juxtaposition spatiale, les œuvres installatives et l’imagerie documentaire cohabitent, laissant éclore une toute nouvelle appropriation du paysage environnant et de son avifaune. Ici, deux univers s’entrelacent : la documentation photographique du réel et l’interprétation libre de celui-ci, offrant une incursion inédite alliant nature et culture, dimension sauvage et création poétique.
Esquissées puis produites au cours d’une résidence de création au printemps 2018 à Kamouraska, les œuvres installatives de Virginie Chrétien ont été réalisées in situ – à même le lieu – et travaillées en considération du contexte singulier de l’exposition des photographies d’oiseaux qui les ceintureraient. Nourrie de sa rencontre avec le territoire kamouraskois et de la générosité des photographes qui ont permis l’utilisation de leurs images, l’artiste s’est principalement inspirée de la morphologie des îlots maritimes pour créer des œuvres se déployant dans l’espace. Instaurant des rapprochements entre l’oiseau et l’homme, en particulier par l’avion – figure récurrente d’ailleurs dans la pratique de l’artiste – Chrétien aborde le désir ancestral, voire archétypal, de l’humain de pouvoir voler, de prendre les airs[i]. Multipliant les références au vol par le choix des objets assemblés, elle varie également les points de vue et les rapports d’échelle – là, le spectateur est convié à lever les yeux « au ciel » pour découvrir la vidéo-performance et deux des quatre îles; ici, des escabeaux offrent la possibilité de se surélever, profitant d’une vue en plongée sur les propositions; plus loin, le regardeur est invité à s’étendre sous les avions suspendus pour en découvrir l’île. Les accumulations pareilles aux nuées, l’utilisation directe d’animaux naturalisés et de plumes renvoient aux oiseaux et façonnent de nouveaux liens avec les photographies environnantes.
Entourant les installations, des images d’oiseaux fréquentant le fleuve, ses îles ou ses rives sont présentées. Les photographes Christophe Buidin, Yves Demers, Michel Bury et Sébastien Dionne ont parcouru le territoire, lentille à la main, pour capter et immortaliser des instants précieux témoignant de la beauté incontestable de la faune aviaire du Saint-Laurent. De l’eider à duvet au bécasseau violet, les sujets des photographies sont présentés dans toute leur splendeur et à même leur habitat naturel. Scènes de pêche, d’envol ou familiales, les images convient à une plongée intime au cœur du quotidien de ces êtres à plumes qui survolent l’estuaire.
Le volet photographique et documentaire est présenté par la Société Duvetnor. La sélection des photographies a d’abord été réalisée en fonction du caractère représentatif des espèces dans l’écosystème de l’estuaire du Saint-Laurent, qu’elles y soient présentes en période de reproduction ou pendant la migration. Le jury a également considéré la qualité esthétique des images.
[i]Titre de la performance le soir du vernissage, duo de création Révolte-nous, composé de l'artiste et de Marie-Sophie Picard